L’insurrection de Pâques 1916

gpo

Cette année, tous les visiteurs de l’Irlande devraient entendre parler au moins une fois lors de leur séjour du « 1916 Rising » ou « Easter Rising ». Le centenaire de cet événement va être célébré toute l’année. Mais d’abord, c’est quoi le Rising (l’insurrection) et pourquoi est-il si important pour les Irlandais ?

Je vais essayer d’expliquer ici le contexte et ce qu’il s’est passé en 1916. On reparlera des commémorations dans le prochain article. Désolée pour les historiens spécialistes de l’Irlande si je ne suis pas exacte à 100%. Je vais tâcher d’être au plus près de ce que j’ai compris de cette histoire mouvementée.

Avant 1916

Padraig Pearse
Padraig Pearse

Comme vous le savez peut être, l’Irlande est un pays récent. C’était une colonie Britannique depuis le XVIème siècle. Avant cela, les Anglais exerçaient un certain pouvoir sur ce territoire depuis le XIIème siècle sans que cela ne pose vraiment problème.

A partir du XVIème siècle, pour des raisons géostratégiques notamment, ils vont mettre en place une politique de colonisation intensive afin d’assurer leur pouvoir sur ce territoire hautement stratégique pour eux. Bien évidemment, cela ne va pas bien se passer avec les Irlandais et c’est parti pour 400 ans de conflits, rébellions, massacres, apartheid, etc.

Au XIXème siècle, l’idée d’une indépendance de l’Irlande va naître au niveau politique, non sans résistance de la part du gouvernement central Anglais et des bourgeois protestants d’Irlande du Nord.

james connolly
James Connolly

En 1908, un gouvernement libéral Anglais va élaborer un projet de loi sur l’indépendance.  En 1912, cette loi va enfin trouver un accord. Elle sera votée mais non promulguée. Le Sénat met en place un moratoire de 2 ans. Faites le calcul… Pas de bol, n’est-ce pas ?

En 1913, deux groupes de citoyens Irlandais vont se former pour militer pour l’indépendance de leur pays : les Irish Volunteers, une milice armée, et l’Irish Citizen Army, un groupe de citoyens se disant prêt à prendre les armes si besoin.

En 1914, le Roi Georges V signe la loi mais repousse son application à la fin de la Première Guerre Mondiale. Il n’avait effectivement aucun intérêt à donner la liberté aux Irlandais, de peur qu’ils ne se retournent contre lui (en plus d’avoir besoin de chair à canon…).

Cette annonce a mené à un clivage des groupes Irlandais précédemment cités. Certains étaient plutôt attentistes, se disant que s’ils s’engageaient auprès des Anglais dans la guerre, ils auraient leur indépendance à la fin et certains pensaient que c’était une nouvelle entourloupe anglaise. Ceux-ci vont profiter de l’occasion de la « désertion » d’une grande partie des troupes anglaises parties au front pour mener une rébellion.

L’insurrection de 1916

Les groupes rebelles des Irish Volunteers, mené par Padraig Pearse, et de la Citizen Army, mené par James Connolly, vont s’allier pour mener un insurrection. Cette révolte va être peu suivie pour des raisons de rivalité avec les groupes plutôt attentistes qui ont tenté de saboter le projet. La population n’a pas non plus adhéré à l’idée. Certains se sont même opposés physiquement ou verbalement aux insurgés.

Le 24 avril 1916, le lundi de Pâques, 1200 insurgés vont attaquer les points clés de la ville de Dublin. Quelques autres attaques mineures auront lieu ailleurs.

carte insurrection 1916

Ils établirent leur quartier général à la Poste Générale (GPO), dans l’avenue O’Connell. James Connolly prit la tête des opérations. Ils hissèrent sur le toit le drapeau républicain et Padraig Pearse lut une déclaration d’indépendance sur les marches de la Poste. L’affiche de cette proclamation d’indépendance est visible dans la grande librairie du musée du Book of Kells, dans le Trinity College.

proclamation d'indépendance

Les soldats anglais, pris par surprise, ont mis un peu de temps à réagir de manière coordonnée. Mais, dès le lendemain, la réponse ne se fit pas attendre. Les combats firent rage pendant quelques jours, les anglais étant bien mieux équipés et plus nombreux. A la fin de la semaine, ils avaient repris la plupart des bâtiments occupés par les rebelles.

Le samedi 29, pris au piège, les leaders de la rébellion se voient contraints de hisser le drapeau blanc et donnèrent l’ordre aux autres groupes d’abandonner le combat. Certains continuèrent jusqu’au dimanche.

Les suites de l’insurrection

insurrection

Les dégâts matériels furent très importants.

Côté Irlandais, il y aurait eu 318 morts et 2217 blessés. Bon nombre d’entre eux étaient des civils coincés dans les combats et parfois abattus par représailles des Anglais ou parce qu’ils refusaient de se soumettre à un ordre d’un militaire anglais ou d’un rebelle.

Tous les rebelles furent arrêtés ainsi que des partisans, soit 3430 hommes et 79 femmes. 90 d’entre eux furent condamnés à mort lors d’un procès en cours martiale. Tous les leaders furent exécutés dans la prison de Dublin.  1480 personnes furent enfermées dans de grandes prisons au Royaume-Uni.

degats insurrection

La vague d’exécution choqua l’opinion publique Irlandaise qui fit des condamnés des héros de la résistance. Les idées nationalistes se répandirent parmi la population et bon nombre de personnes furent persuadées que la diplomatie ne serait plus suffisante pour obtenir gain de cause.

Ainsi, cette insurrection, qui fut la plus importante depuis le XVIIIème siècle, fut celle qui mena quelques années plus tard à la guerre d’indépendance. D’où son importance historique. Certaines personnes qui ont survécu aux exécutions, tels que Eamon de Valera ou Michael Collins furent des personnages clé dans le processus d’indépendance de l’Irlande. Mais ça, c’est une autre histoire…

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