
Les îles Skellig sont le trésor archéologique et naturel du Kerry. Elles ont été mises sous le projecteur par le film Star Wars 7 et les images promotionnelles de l’Office National du Tourisme. Pourtant, il y a une forte probabilité pour que vous ne puissiez pas les visiter. Pourquoi ?
Présentation des îles Skellig
Les îles Skellig sont deux pitons rocheux à 12km des côtes du Ring of Kerry, dans l’ouest de l’Irlande.

La première île, la plus petite s’appelle simplement Little Skellig. Sa couleur grisâtre à cause des fientes d’oiseaux et l’odeur qui s’en dégage la distinguent facilement de sa grande soeur, même de loin. Personne ne peut y accéder, sauf quelques scientifiques triés sur le volet. En effet, c’est une réserve ornithologique importante, seconde colonie mondiale de Fous de Bassan. 23 000 couples y ont élu domicile.
Skellig Michael ou Grande Skellig est répertoriée au patrimoine mondial de l’UNESCO. A partir du VIème siècle, un groupe de moines ascètes s’est installé sur ce rocher, en quête de solitude. Il y ont établi une communauté qui vivait dans des huttes en pierre sèche à 218m au dessus du niveau de la mer. Ils y ont demeuré jusqu’au XIIIème siècle. Le lieu est resté un lieu de pélerinage jusqu’à aujourd’hui. L’île est également un lieu très important pour la reproduction d’oiseaux nicheurs de falaises comme le macareux moine (tiens, c’est marrant le nom de l’oiseau colle avec les habitants de l’île…). En plus d’être un site UNESCO, c’est donc également une Réserve Naturelle et une Zone de Protection Spéciale (zones de protections ornitholiques au niveau européen).
C’est sur cette île que Luke Skywalker a pris ses quartiers… Les huttes et les marches pour y accéder sont bien visibles dans la courte scène du film.
La dangerosité de Skellig Michael

Comme je l’ai évoqué, les moines se sont installés à 218m au dessus du niveau de la mer. Pour cela, ils se sont amusés à creuser à même la roche 618 marches. Et comme les visiteurs et encore moins les touristes modernes n’étaient pas leur priorité, ils n’ont pas fait les choses de manière sécurisée. Les marches sont glissantes, inégales, couvertes d’algues… et tout ça sans aucune protection.
Etant donné l’homologation par l’UNESCO et la claire intention de laisser les choses en état, peu de mesures de sécurité ont été mises en place pour ne pas dénaturer le site. Il n’y a donc pas de barrière, de cordage ni de rampe sur une bonne partie du chemin.
Plusieurs dangers guettent donc le visiteur :
Il faut avoir la forme pour y aller. Donc, pas de jeune enfant, pas de femme enceinte trop avancée dans la grossesse, pas de personne cardiaque, pas de personne âgée « fragile », pas de personne avec des problèmes de santé ou des handicaps quelconques qui empêchent de grimper ces 618 marches. La dernière mort par crise cardiaque a eu lieu en 1996…
Les marches peuvent être glissantes donc même si on a la forme, il faut faire très attention à ne pas glisser. C’est facile de se casser quelque chose si l’on n’est pas prudent. Même Luke Skywalker pourrait vous en parler (il paraît qu’il s’est blessé pendant le tournage) ! Il y en aussi qui sont morts comme ça, encore récemment (en 2009). La descente est le plus dangereux. Il faut encore moins essayer de s’éloigner du chemin balisé. Et puis, on peut aussi se prendre un rocher sur le coin de la figure.
La controverse autour des îles Skellig
Bref, ce n’est pas une visite à la portée du premier venu, et c’est tant mieux pour la préservation du lieu ! C’est aussi ce qui fait son charme. Si c’était aussi bondé que les falaises de Moher, cela n’aurait plus du tout d’intérêt.

Et c’est là que réside toute la controverse entre intérêt économique des opérateurs locaux, engouement des fans de Star Wars, associations de sauvegarde de la nature, protecteurs du patrimoine et gouvernement qui essaye de jongler entre tous ces intérêts (et le cachet offert par Disney). Tourisme durable ou tourisme à pognon ?? La question est essentielle et l’enjeu est gros.
Pour l’instant, heureusement, le gestionnaire du site (l’Office National des Travaux Publics, OPW) est du côté de la sauvegarde. Il a restreint la période d’ouverture de 2 mois par rapport aux années précédentes mais a ouvert un appel d’offre pour permettre à plus de gens de le voir en période d’ouverture. La Ministre du patrimoine a, par contre, été plutôt attirée par le côté pognon de Disney (sans blague ??). Les gens râlent que le film ait eu le droit d’être tourné là. Heureusement, ils n’y ont pas fait trop de dégâts. Et l’Office National du Tourisme met le site en avant comme si c’était facile de le voir. Ils vont faire des déçus… Bref, tout le monde n’est pas au même diapason. Pourvu que le côté durable domine sur le long terme, surtout dans cette période de crise financière !!
Les restrictions d’accès à Skellig Michael
Plusieurs restrictions, naturelles ou pas, vont venir perturber votre projet de visite :
La condition physique nécessaire pour visiter le site est la première des restrictions à prendre en compte.

Le nombre de visiteurs est ensuite limité à 12 par bateau. Il n’y a que 15 bateaux autorisés à accoster, chacun ne pouvant effectuer qu’un voyage par jour. Vous avez fait le calcul ? Ca fait donc maximum 180 visiteurs par jour. Il est donc plus que nécessaire de réserver sa place sur le bateau très tôt.
Le site est ouvert uniquement de mi-mai à fin septembre. Cela fait donc au maximum 24 300 visteurs par an. En réalité, c’est entre 12 000 et 15 000 qui arriveront à y aller. Pourquoi ? à cause de 2 autres facteurs…
Le climat : si le temps est trop mauvais, le site ferme car trop dangereux. Et comme le temps là-bas est plutôt capricieux… Bien entendu, vous serez prévenu à la dernière minute.
La mer : si la mer est trop mauvaise, les bateaux ne peuvent pas faire la traversée et encore moins accoster. Là aussi, vous serez prévenu à la dernière minute.
Si toutefois vous arrivez à y aller, il faudra prendre connaissance des consignes de sécurité et s’équiper un minimum. Je vous parlerai de ça la semaine prochaine et des moyens qui s’offrent à vous pour y aller ou au moins, voir ces îles de près ou de loin.
A faire absolument si vous le pouvez !
Évidement comme le dit la personne du premier commentaire si vous avez peur du vide ou de la mer ça doit être une expérience terrible…
Les Skelligs sont un de mes plus beaux souvenirs d’Irlande….
J’y suis passé ils y a quelques années (avant Star War) et à partir du moment où vous n’avez pas le vertige ni de problème de santé particulier la visite est très accessible.
Oui on marche près du vide sur des escaliers en pierre sèche par moment mais si vous êtes prudent cela n’est pas très dangereux (moins que de marcher en centre ville en regardant son smartphone).
Les paysages sont à couper le souffle…Les Skelligs ne ressemblent à rien d’autre: c’est de la haute montagne et pleine mer.
Aucune photo ne rend justice à ce qu’on vit quand on est là bas…
Si vous en avez la possibilité (et pas de vertige), ne ratez pas cette visite
Valerie Soma ,
Merci beaucoup pour ce retour d’expérience ! C’est super que vous ayez pu le faire dans de bonnes conditions !
Bonjour,
Et bien, j’y suis allée il y a quelques années et… je n’aurais pas dû. En effet, si vous êtes comme moi et que vous avez peur du vide, évitez la traversée et de dépenser 50 euros, sauf si vous voulez discuter avec les goélands. En plus, je ne suis pas à m’aise sur un bateau. En somme, l’un de mes pires souvenirs en Irlande
Irelandissocheek ,
Conserver ou ramasser, en espérant qu’un site comme ça continu d’être préservé.
Valerie Soma ,
et oui, l’éternelle question de notre monde où le pognon est roi…